Jul, héros ou zéro ?
Et le nominé est… Jul. Aux côtés de Renaud, Nekfeu ou Amir, le rappeur marseillais a décroché son ticket pour les victoires de la musique, dans la catégorie «musiques urbaines», pour son album «My world». Une consécration supplémentaire pour Jul (prononcez «Djoul »), celui qui collectionne les admirateurs tout autant que les haters. Portrait d’une artiste qui ne laisse pas indifférent.
Pourquoi ils le détestent
1. Il est accro à l’auto-tune
Pour certains de ses détracteurs, le problème de Jul n’est pas tant sa voix que le fait… qu’on ne connaisse pas vraiment sa voix. Car le rappeur use et abuse de l’auto-tune, un logiciel qui module et déforme les sons, dans la plupart de ses titres. Le résultat : un timbre métallique et nasillard pas franchement mélodieux. Le genre de chanson qui vous reste dans la tête toute la journée, surtout quand on n’est pas fan. Pire qu’un chewing-gum.
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2. Il maltraite (beaucoup) le Français
Si encore ce n’était que la musique … Bon, c’est vrai que les rappeurs ont parfois des rapports compliqués avec la langue française. Mais à ce point-là? Pour beaucoup, les textes de Jul sont un attentat permanent contre l’orthographe ou la syntaxe (pour ne pas choquer la sensibilité des âmes sensibles, on évitera donc ici de reproduire les passages incriminés).
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3. Il est sudiste et en est fier
Et si le mépris que suscite parfois Jul avait à voir avec son origine marseillaise? Une hostilité du même genre que provoque l’OM chez les fans du PSG? Avec son accent, ses «claquettes» revendiquées et ses clips dans la garrigue provençale, «le rappeur bouillabaisse» (comme Society l’a baptisé) assume un style sudiste qui ne séduit pas forcément les auditeurs au nord de la Loire.
Pourquoi ils l’adorent
1. Il se dépense sans compter pour ses fans
Quand on aime, on ne compte pas. Et Jul semble vraiment aimer son public, qu’il abreuve de ses productions à une cadence dingue : 6 albums en l’espace de 3 ans, soit environ 200 morceaux, selon les calculs de Slate. Le rappeur, qui cumule quelques 650 millions de vues sur sa chaîne Youtube et «pèse» plus de 600 millions de streams sur les plateformes d’écoute (un record), se paye même le luxe de réaliser gratuitement des titres pour ses fans.
2. Il ne se la pète pas (enfin, pas trop)
Celui dont le dernier album, L’Ovni, a explosé tous les scores (200 000 ventes depuis sa sortie en décembre) pourrait prendre la grosse tête. Mais s’imposer dans la cour des grands du rap français semble suffire au bonheur de Jul. Pour l’instant, l’autodidacte semble rester fidèle à son univers populaire, loin des codes bling-bling de certains rappeurs. D’ailleurs, Jul ne cherche pas l’attention des médias à tous prix. De très rares apparitions télé, peu d’interviews, le chanteur préfère le lien direct avec son imposante fan-base (1 millions d’abonnés sur Facebook).
3. Il n’est pas rancunier
D’ailleurs, certains médias ne sont pas tendres avec lui. On pense à Ouest-France, qui a comparé la sortie de son dernier album aux catastrophes de Tchernobyl et Fukushima (pas moins). Mais Jul laisse dire, sans chercher à en rajouter pour faire parler de lui. «Je trace ma route, je ne calcule pas», a répondu placidement le Marseillais à propos la critique de Ouest-France. Et puis quelqu’un qui accepte d’être caricaturé sur scène par… Cauet, ne peut vraiment pas être mauvais.